Recherche à Toulouse : Allomerus decemarticulatus
La fourmis guyanaise qui écartèle ses proies

Claude STEPHANE
Publié le 22/04 à 11:48

20 04 05

Une espèce de fourmi arboricole amazonienne construit des pièges ingénieux pour attraper ses proies, qu'elle écartèle de la même façon que l'on torturait les malfaiteurs au Moyen Age, avant de la tuer, relate jeudi une équipe de chercheurs dans la revue Nature.
La minuscule "Allomerus decemarticulatus" est particulièrement inventive pour se saisir d'insectes bien plus gros qu'elle. Elle construit d'abord une
chausse-trape en coupant les poils d'un bout de tige de la plante sur laquelle elle vit, en prenant soin d'en laisser quelques-uns.
Se servant de ces derniers comme de piliers, elle construit un toit en entrecroisant les poils coupés et en renforçant le tout avec un champignon qu'elle cultive tout spécialement à cet effet. Elle prend soin de laisser dans cette couverture des trous un peu plus larges que sa tête.
La construction terminée, de nombreuses fourmis se placent en embuscade dans ce tunnel, tête tournée vers les trous, mandibules ouvertes, raconte Jérôme Orivel, de l'Université Toulouse-III, et ses collègues. Dès qu'un insecte se pose sur le piège, il est saisi par les pattes, les antennes et les ailes par les fourmis qui tirent dans des directions opposées pour l'écarteler et l'amener à coller son abdomen contre le toit de la galerie.
Il est alors piqué par des hordes d'"Allomerus decemarticulatus". Une fois morte, la proie est tirée jusqu'à une feuille où elle est découpée pour être
consommée.
"A notre connaissance, la création collective d'un piège en tant que stratégie de prédation n'a jamais été décrite chez les fourmis", écrivent les chercheurs en soulignant l'association de la plante (avec ses poils), de la fourmi et du champignon, qui n'est présent sur la plante qu'aux endroits où vit "A. decemarticulatus".